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Audience Captive de Ann Warren Griffith aux éditions Le passager clandestin
Imaginez un monde où les appareils ménagers parlent à longueur de journée, où ils sont les vecteurs promotionnels permanents de la compagnie qui les a créés, où le produit est aussi un outil publicitaire diffusant en continu des messages sonores vantant ses propres mérites et la nécessité de s’en procurer de nouveaux exemplaires.
Un monde où la publicité n’est pas seulement omniprésente, mais considérée comme d’utilité publique, où il est impossible de la contester sous peine d’être considéré comme un mauvais citoyen, ni même de s’en protéger ou de tenter d’y échapper sous peine d’être condamné pour atteinte à la liberté de la publicité et envoyé en prison.
Ce monde de publicités omniprésentes, où le produit vaisselle vous prodigue ses conseils afin d’obtenir les meilleurs résultats, où la boisson rafraîchissante vous incite à vous servir un verre de façon régulière, où votre bidon de nettoyant pour sol vous fait remarquer qu’il serait grand temps pour vous de faire le ménage, où votre paquet de cigarettes prend la parole pour vous suggérer que le moment est idéal pour vous en griller une, Ann Warren Griffith l’a imaginé dans sa courte nouvelle Audience Captive écrite en 1953 alors que la publicité en était encore à ses balbutiements et loin de la précision des ciblages publicitaires actuels.
Audience Captive de Ann Warren Griffith ou Le règne absolu de la publicité
S’il y a bien des échos de 1984 de Orwell ou du Meilleur des mondes de Huxley, Audience Captive n’offre pas la vision d’une société future sujette à de profonds bouleversements où l’humanité aurait été définitivement asservie par une puissance supérieure ou un système totalitaire, mais utilise son époque et les années 50 pour pousser une situation à son paroxysme et nous inciter à la réflexion en dressant un portrait ravageur et peu flatteur d’un modèle de société uniquement axé sur la publicité et l’illusion de l’épanouissement par la consommation.
Un récit court et mordant qui pousse à nous interroger sur notre rapport à la publicité et sa présence dans nos vies quotidiennes.
Plus d’informations sur le site de la maison d’éditions Le passager clandestin
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